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Formation de sage-femmes : témoignage de Theresa Mutalisha (Zambie)

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C’est jeudi. Le centre de santé de Mapalo, connu localement sous le nom de centre de santé Mahatma Gandhi, est en pleine activité. Theresa Mutalisha, sage-femme formée avec le soutien d’Amref Health Africa est affairée à préparer les séances prénatales et postnatales qui se déroulent simultanément.

Dans la salle d’attente remplie, des femmes enceintes attendent pour leur suivi prénatal. D’autres sont venues avec leurs bébés pour leur rendez-vous postnatal. Ces mamans qui attendent sont toutes liées par un parcours de maternité, mêlant l’appréhension de l’accouchement, la douleur et le risque pour sa vie et celle de son enfant, et la délivrance accompagnée de joie immense quand on tient enfin son bébé sur soi, tous en bonne santé.

Le centre de santé Mahatma Gandhi fournit des services de soins de santé primaires pour une localité d’environ cinquante mille habitants. Il est situé juste à l’extérieur de Ndola, ville du nord de la Zambie, dans l’un des quartiers les plus peuplés.

 

Former pour prévenir les décès maternels et néonatals

Dans de nombreuses zones rurales, la plupart des décès signalés dans les services d’accouchement sont attribués à des risques ou des complications qui ne sont pas détectés parce que les futures mamans ne recherchent pas de soins prénataux. Les rendez-vous prénataux manqués retardent une chance cruciale d’identifier à l’avance les grossesses à risque.

Theresa Mutalisha, a vécu des moments dramatiques.

« Accoucher d’un enfant mort-né vous brise le cœur », dit –elle. « Comment dire à une mère qui a attendu un bébé pendant neuf mois que le bébé n’a pas pleuré ? C’est une chose tellement difficile. »

Toutes les naissances doivent être prises en charge par des professionnels de la santé qualifiés, car une prise en charge et un traitement précoces peuvent faire la différence entre la vie et la mort pour la mère comme pour le nouveau-né.

 

L’éducation préventive par les agents de santé communautaire fait la différence

En Zambie, on dénombre environ 15 mortinaissances (le décès d’un bébé après 28 semaines de grossesse, mais avant ou au cours de l’accouchement) pour 1 000 naissances totales et 213 décès maternels pour 100 000 habitants.

Ces tragédies pourraient être évitées en renforçant l’accès à l’information sur la santé pour permettre aux femmes de prendre des décisions, d’identifier les risques et d’éviter les retards dans la prise en charge prénatale y contribue de manière importante.

« Dès qu’une femme sait qu’elle est enceinte, elle doit prendre rendez-vous pour des séances prénatales », insiste Theresa.

Il est essentiel de combler le fossé entre la population locale et les agents de santé communautaire pour réduire la mortalité maternelle et néonatale. Pour cela, il est primordial de former les agents de santé, pour les professionnaliser.

Cette formation permet de créer une relation de confiance avec les mères et d’améliorer la prise de rendez-vous pour des services prénataux. Une agente de santé formée pourra mieux dissuader une femme d’accoucher à la maison, risquant leur vie et celle de leur bébé, en lui donnant toutes les informations.

 

Theresa Mutalisha, sage-femme Zambie
« Avoir le cœur attentionné et aimant pour cette patiente fera de vous une bonne sage-femme. » témoigne Theresa Mutalisha

 

Formation des professionnels de santé en poste

Jeune fille, Theresa s’occupait de son père, qui souffrait de diabète chronique dont il est décédé. De sa peine est née une détermination : travailler dans le domaine médical et servir les personnes de sa localité.

Après quelques années en tant qu’infirmière, Theresa s’est spécialisée dans le métier de sage-femme. Elle est aujourd’hui sage-femme en charge du centre de soins de santé de Mapalo.

Elle fait partie des 1 500 agents de santé formés par Amref Health Africa en Zambie dans le cadre du projet Closing the Gap pour réduire la mortalité maternelle en cas d’intervention d’urgence et de situations à haut risque.

Avec d’autres sages-femmes de son district de santé, Theresa a reçu une formation sur les soins obstétricaux et néonatals. La formation s’adressait aussi aux infirmières et aux médecins qui s’occupent des femmes pendant le travail et l’accouchement.

Cette formation spécialisée sauve des vies. Theresa se souvient d’un soir où elle a aidé une maman dont la situation s’était soudainement dégradée en salle d’accouchement. Avec un assistant, ils ont pu stabiliser son état puis la référer à l’hôpital de la ville.

« Il y a des moments où nous avons des urgences dans la salle d’accouchement où l’on voit comment l’état d’une patiente se détériore. Mais grâce aux connaissances et aux compétences qui m’ont été transmises, je suis en mesure de sauver cette vie », dit-elle.

La formation continue des personnels de santé en poste est essentielle pour rafraichir leurs connaissances et leur apporter des compétences complémentaires. Pour les sages-femmes dans les établissements de santé primaires, c’est un renforcement de capacité et de confiance pour mieux servir les mères et leurs enfants.

« Vous savez ce qui me rend heureuse ? Quand j’entre dans la salle d’accouchement et que j’accouche un bébé vivant, ça me fait du bien », dit Theresa en souriant.

 

Former pour améliorer la relation avec les patients

La relation qu’une sage-femme établit avec une patiente est déterminante pour une expérience de santé de qualité. Si elle sait mettre une femme à l’aise, celle-ci sera en confiance pour s’ouvrir à elle et adhérer aux informations qui lui seront données.

En plus d’apporter des compétences techniques aux personnels de santé, le projet Closing the Gap s’est également concentré sur la qualité de relation avec les patients et la population servie par le centre de santé, en s’appuyant sur une campagne intitulée SMILE (sourire ou souriez en anglais).

« Avec le sourire, je serai facile à approcher. Je serai en mesure d’obtenir les détails et les choses cachées que ce patient n’a même pas révélé à ses proches à la maison. Mais ils trouveront du réconfort en moi et m’expliqueront généralement ce qu’ils ressentent », reconnaît Theresa.

A travers ses interventions, Amref Health Africa promeut des services de santé centrée sur la personne, respectueux des droits et protégeant sa dignité.

Exercer son métier de sage-femme avec le sourire contribue à libérer la parole des femmes et créer une relation de confiance dans laquelle chaque patiente se sent légitime pour demander des soins adaptés à ses besoins.

Il en va de même pour les publics adolescents. La formation a permis à Theresa et sa cohorte d’ajuster leurs messages pour les rendre plus amicaux et ouverts sur des sujets sensibles, tels que la planification familiale.

Lorsque nous demandons à Theresa ce qui fait une bonne sage-femme, elle répond :

« Mettez-vous à la place de ces patients (…). Avoir ce cœur attentionné et aimant pour ce patient fera de vous une bonne sage-femme. »

 

Theresa Mutalisha, sage-femme Zambie (2) Amref Health Africa, David Brazier
Theresa Mutalisha fait partie des 1500 travailleurs de la santé formés par Amref Health Africa en Zambie dans le cadre du projet Closing The Gap.

 

Nous devons former davantage de sage-femmes en Afrique

Lorsque les sage-femmes sont formées aux soins maternels et infantiles, y compris en planification familiale, cela pourrait éviter davantage de décès maternels, de mortinaissances et de décès néonatals.

En plus de réduire la mortalité maternelle et néonatale, des soins obstétricaux de qualité améliorent également d’autres résultats de santé, y compris ceux liés à la santé sexuelle et reproductive.

Que ce soit dans les zones rurales, isolées, ou dans des environnements humanitaires, fragiles et touchés par des conflits, les sage-femmes ont les compétences nécessaires pour offrir des soins intensifs aux femmes et aux nouveau-nés.

 

Agissez à nos côtés !

Participer à renforcer les compétences des personnels de santé en Afrique, en soutenant Amref Health Africa. Pour faire un don, cliquez ICI.

 

Photos : Theresa, sage-femme, s’entretient avec un patient dans la salle d’attente du centre de santé de Mapalo, situé dans les zones périurbaines de la province de Ndola. Crédit : Amref Health Africa/David Brazier.