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Formation de sage-femmes : témoignage de Hellen Hadia (Soudan du sud)

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Hellen Hadia est en dernière année d’études à l’Institut des sciences de la santé Maridi, au Soudan du Sud. Elle nous parle de sa formation, avec le soutien d’Amref Health Africa, et de son parcours.

A 25 ans, cette sage-femme stagiaire a déjà une expérience avancée et des histoires d’accouchements heureux, mais aussi des souvenirs douloureux. Un particulièrement, qui lui a brisé le cœur.

Il y a quelques mois, elle était en poste quand une femme enceinte inconsciente a été transportée à la maternité. Elle était en travail depuis plusieurs heures à la maison. Lors de l’expulsion du bébé, les épaules du bébé restaient bloquées dans le bassin de la maman alors que sa tête était déjà sortie. Cette complication rare mais grave de l’accouchement, appelée dystocie, est une urgence vitale nécessitant une manœuvre obstétricale bien précise pour désengager le nouveau-né sans risque. Avec les autres sage-femmes, Hellen s’est battue pour leur sauver la vie, mais en vain.

« Elle était dans un mauvais état ; nous avons transfusé du sang, mais nous sommes arrivés trop tard et nous n’avons pas pu les aider », explique Helen, encore touchée.

Le taux élevé de mortalité maternelle au Soudan du Sud – 1 150 décès pour 100 000 naissances vivantes, en 2021 – est attribué, en partie, aux hémorragies post-partum. En effet, la plupart des femmes vivant dans des communautés rurales isolées sont souvent incapables de se rendre à temps dans un centre de santé en cas de complications.

 

La formation des sage-femmes changent des vies

Hellen se souvient avoir toujours voulu être infirmière. Jeune fille, elle a grandi au Soudan du Sud, et en Ouganda en tant que réfugiée pendant le conflit. Elle a vu ce que vivaient les femmes de sa communauté, qui ont recours à des méthodes traditionnelles pour l’accouchement. Elle voulait faire partie du changement et sauver des vies.

Sa formation de sage-femme lui permet d’être une voix pour les femmes et de les aider à prendre les bonnes décisions en matière de soins maternels et infantiles. Au Soudan du Sud, la plupart des femmes enceintes n’ont pas accès à des accoucheuses qualifiées et continuent d’accoucher à domicile. Hellen veut changer cela.

« La connaissance est un outil très puissant, dit Hellen, ajoutant : Les gens de ma communauté ne font pas ce qu’il faut parce qu’ils ne savent pas prendre la bonne décision.”

Cette mission d’autonomisation des femmes et d’amplification de leurs voix motive Hellen. Elle aime visiblement son travail et interagit aisément avec les patients qui cherchent différents traitements à l’hôpital, pas seulement ceux à la maternité. Son dévouement est précieux.

Durant une visite de suivi postnatal, nous la trouvons avec Miriam, une maman assise sur un banc avec son bébé, Joël, dont elle a assisté la naissance il y a sept mois de cela. Elle se souvient de ce soir-là.

“C’était la nuit, et quand j’ai reçu un appel à 3 heures du matin, j’ai dû demander à mon frère de me déposer à la maternité parce que j’avais peur de la nuit”, raconte-t-elle.

L’accouchement de Miriam et la naissance du petit Joel fait partie des souvenirs heureux. Voir une mère et un enfant en bonne santé s’épanouir motive Hellen à se rendre à pied à la maternité pour son service de travail tous les jours, malgré les nombreux défis auxquels sa communauté est confrontée.

 

Les avantages socio-économiques de la formation des personnels de santé

La formation des personnels de santé, comme Hellen, apporte des avantages socio-économiques significatifs à plusieurs niveaux

D’une part, les personnels de santé bien formés sont mieux équipés pour diagnostiquer et traiter les maladies, ce qui réduit le taux de mortalité et améliore la qualité de vie des patients. D’autre part, la formation ouvre des perspectives d’emplois dans le secteur de la santé, stimulant ainsi l’économie locale. De plus, des soins de santé de qualité attirent des investissements et favorisent le développement économique.

Les établissements de santé, dont le personnel est formé, sont plus efficaces et plus productifs dans leur mission. La prévention et la gestion efficace des maladies, grâce à une formation adéquate, réduisent les coûts de traitement à long terme. Cela libère des ressources pour d’autres investissements pour les structures et pour les programmes sociaux et économiques de leur localité. Cela se transfère par un impact positif sur l’économie globale de la région.

A échelle, la formation continue des personnels de santé contribue à la mise en place d’un système de santé solide et durable.

Hellen est actuellement dans sa dernière année de formation de sage-femme à l’Institut des sciences de la santé Maridi. Elle est fière que son institut soit très respecté et que la plupart des travailleurs de la santé de la région soient diplômés de l’institution.

“L’institut n’est pas seulement utile pour nous ici, dans la communauté, mais aussi pour le Soudan du Sud en tant que pays”, dit-elle.

Les sage-femmes formées changent les destins des femmes et des enfants. Au quotidien, elle contribue à réduire les infections, à identifier les complications à temps pour qu’elles soient traitées, à former les nouvelles mères et à autonomiser les femmes.

Hellen croit que les femmes méritent d’avoir une voix plus importante et d’avoir la possibilité de prendre des décisions sur les questions qui affectent leur vie.

Au Soudan du Sud, les besoins de formation pour les professionnels de santé sont cruciaux. Le pays fait toujours face à une grave pénurie d’infrastructures médicales et de personnels qualifiés.

Investir dans la formation des personnels de santé, comme Hellen, est une contribution essentielle pour améliorer le bien-être des populations et contribuer au développement socio-économique des communautés et des nations.

 

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Participer à renforcer les compétences des personnels de santé en Afrique, en soutenant Amref Health Africa. Pour faire un don, cliquez ICI.

 

Photo : Hellen Hadia, sage-femme, rend visite au petit Joel, sept mois, dont elle a assisté la naissance. Crédit : Amref Health Africa / Kennedy Musyoka