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A l’occasion d’un entretien avec le Dr. Githinji Gitahi, CEO d’Amref Health Africa, nous l’avons interrogé sur sa vision du futur et la place de la santé en Afrique. Un échange qui met en lumière l’importance d’agir sur les déterminants sociaux, économique et environnementaux de la santé, pour plus de prospérité, de sécurité et d’autonomie.

 

Quels sont les développements ou les tendances récentes qui sont à vos yeux positifs pour le futur de l’Afrique ?

Dr. Githinji Gitahi : Le développement que nous observons et qui nous donne un sentiment extrêmement positif à l’égard du continent africain a beaucoup à voir avec le développement socio-économique et politique.

D’un point de vue politique, l’Union africaine devient plus beaucoup plus forte et beaucoup plus impliquée. Nous constatons notamment une amélioration de la démocratie dans de nombreux pays.

Bien sûr, il y a quelques inconvénients. Mais l’autre chose est que nous voyons une population plus éduquée et la jeunesse apporte également beaucoup d’innovations qui changent réellement le paysage et aide également l’Afrique à surmonter de nombreux défis sans avoir à passer par le chemin de développement de l’Europe ou des États-Unis, trouvant sa propre voie.

Une autre chose que nous avons constaté, c’est évidemment avec la Covid-19. Nous avons assisté à un réveil. Ce regain signifie que l’Afrique accorde plus d’attention à son indépendance, à son autonomie.

Nous avons eu d’importantes discussions sur la fabrication de technologies et de produits de santé sur le continent, sans avoir à recourir aux importations.

Nous avons assisté à des discussions importantes sur la formation et l’augmentation de la composition et du nombre de travailleurs de la santé afin de garantir que les femmes et les enfants soient atteints où qu’ils se trouvent. Ce qui sera évidemment soutenu par l’accès à l’eau, à l’assainissement, à l’électricité et à de meilleures infrastructures.

Dans cette même continuité, nous avons constaté une évolution très positive en ce qui concerne la fertilité des femmes. La réduction significative de la fertilité qui entraîne une baisse de la croissance démographique, ce qui joue en faveur du développement socio-économique et politique.

 

Selon vous, quels développements socio-économiques, qui se produisent, impactent le système de soins ?

Dr. Githinji Gitahi : Les développements socio-économiques qui ont un impact sur les soins de santé en Afrique sont nombreux. Nous avons vu, bien sûr, que l’accès aux services de santé est crucial et c’est vraiment la vision du secteur des soins de santé pour nous en tant qu’organisation.

Nous avons constaté une amélioration de l’accès aux services de santé en général, alors que l’Afrique conserve le pourcentage le plus faible de la population bénéficiant de services de santé adéquats.

Nous avons vu ce nombre augmenter et ce résultat provient d’une réduction, par exemple, de la mortalité infantile ou de la mort d’enfants et de nourrissons.

Un de ces chiffres auquel j’aime penser et que cette organisation est présente en Afrique depuis 65 ans. Nous avons constaté avec le temps que le nombre d’enfants en bas âge qui décèdent est passé de 183/1000 à 47/1000, ce qui constitue une réduction majeure.

Ce résultat s’explique par l’amélioration de l’accès à l’eau et à l’assainissement. La santé publique étant essentielle à la survie des enfants.

Deuxièmement, il s’agit de l’accès à la science médicale.

L’accès à la vaccination s’est amélioré à travers le travail du gouvernement et de la société civile, comme nous.

Nous avons également constaté l’accès à d’autres services tels que le planning familial, et les services et droits de la santé sexuelles et reproductifs.

Mais l’un des développements critiques que nous avons constatés et qui a un impact sur les soins de santé est surtout l’éducation des femmes, la réduction des mutilations génitales féminines, la réduction de tous les mariages permettant aux femmes et aux filles de vivre leur vie, de suivre une éducation, de devenir des femmes, de décider de la taille de leur famille et de la façon dont leur famille grandit et se développe.

Cela a eu un impact positif sur les résultats en matière de santé car, en fin de compte, les femmes comme on le répète sans cesse, sont les meilleurs agents de santé publique que l’on n’ait jamais vus.

Par conséquent, l’augmentation de l’éducation des femmes, leur passage de l’école primaire à l’école secondaire puis à l’université, se sont également accompagnés d’une évolution majeure de l’accès aux services de santé, et tout cela est complété, bien sûr, par un plus grand nombre d’agents de santé déployés.

Le dernier point que j’aborderai est la technologie. En termes d’accès à la technologie en Afrique, nous avons un accès énorme à la téléphonie, ce qui nous a permis d’utiliser les technologies mobiles comme une plateforme pour atteindre plus de gens plus rapidement, pour former rapidement plus de gens tels que les agents de santé communautaire.

Pour informer plus de gens aussi. Les femmes enceintes, par exemple, afin de savoir quand se rendre pour des suivis de grossesse, pour emmener leurs enfants se faire vacciner et aussi pour nous permettre d’être en contact avec ceux que nous ne pouvons pas atteindre physiquement, grâce à la télémédecine.

Ensemble, toutes ces choses rendent la prestation de soins de santé en Afrique beaucoup plus utile, plus visionnaire et avec de bien meilleurs résultats.

 

Pourquoi est-il important d’investir dans les soins de santé africains ?

Dr. Githinji Gitahi : L’investissement en santé est d’une importance cruciale dans le monde entier, mais de manière spécifique en Afrique, si l’on regarde ce que cela signifie.

Si vous regardez l’agenda de l’Afrique, l’Agenda 2063 vise à un continent prospère, pacifique et sûr.

Mais la prospérité est une combinaison comprenant une population en bonne santé, car seuls les enfants en bonne santé apprennent et seuls les adultes en bonne santé gagnent leur vie ; la santé devient donc la base de l’éducation.

Et lorsque vous combinez une population en bonne santé avec l’éducation, vous augmentez le capital humain. Ce capital humain est ce qui augmente la productivité au travail. Et ce gain de productivité augmente la prospérité. La santé est donc le fondement du développement socio-économique et politique. Et une fois que vous avez la santé, vous avez la paix et la sécurité. Lorsque les gens sont en bonne santé, qu’ils ont de la nourriture, de l’eau, des sanitaires, ils ont les moyens de réaliser cette prospérité. Cela améliore leur sécurité car ils ne sont pas à la recherche de ressources et ne se battent pas pour les obtenir.

Cela réduit les migrations intracontinentales ainsi que les migrations intercontinentales, comme nous pouvons constater un grand nombre de personnes quitte l’Afrique pour l’Europe.

En investissant dans la santé, en permettant à l’éducation d’être un facteur de base pour le développement des populations aboutissant à la prospérité, cela signifie que l’Afrique sera prospère, pacifique, sûre et indépendante et qu’elle aura plus d’atouts pour participer à l’économie mondiale.

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