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Mpox, au-delà de la crise, un accélérateur potentiel pour la santé en Afrique ?

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Par Anne-Sophie Grouchka
Présidente d’Amref Health Africa (France)

 

La possibilité d’une pandémie Mpox met à nouveau les états européens face à leur responsabilité.
Responsabilité éthique vis-à-vis des populations africaines, bien sûr. Pour permettre aux premiers pays concernés d’accéder à la vaccination.
Responsabilité politique vis-à-vis de leurs peuples, aussi. Les épidémies ne connaissent pas de frontières.

Amref Health Africa, 1e ONG africaine de santé publique en Afrique, s’est saisie immédiatement de l’urgence. En collaboration avec l’Africa CDC, elle appuie les ministères de la santé et soutient les populations vulnérables en République démocratique du Congo, au Burundi, en République centrafricaine, au Kenya, en Tanzanie, en Ouganda et au Soudan du Sud. Ses actions prioritaires sont d’interrompre les chaînes de transmission du virus en intensifiant l’information des populations à risque ; renforcer les systèmes de surveillance épidémiologique ; et assurer un accès équitable aux vaccins.

Mpox, comme d’autres crises sanitaires, charrie son lot d’incertitudes, de vrais risques et de faux semblants. Mais les opinions publiques, encore marquées par la Covid-19, sont aux aguets et ne s’y tromperont pas. Une épidémie apparemment plus mortelle et touchant les enfants incitera à une prise de conscience aiguë : protéger les pays les plus vulnérables, c’est protéger nos enfants.

Deux obligations en découlent.
Obligation de modifier tous les schémas de production et de distribution vaccinale, tout d’abord, comme l’a initié le récent forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinale de juin dernier à Paris, avec le lancement de l’accélérateur de production de vaccins en Afrique, avec un fonds doté de plus d’un milliard d’euros.
Obligation d’une gestion opérationnelle mondiale efficace des pandémies, ensuite. Le traité « pandémie » porté par l’OMS donnera enfin les outils adaptés pour mieux prévenir et lutter contre ces fléaux qui sont à l’intersection de la santé humaine, animale et de l’écosystème environnemental, et aggravés par le changement climatique.

Mpox ou maladies infantiles : assurer un accès équitable aux vaccins, et atteindre une couverture vaccinale universelle en Afrique, est long et complexe. Cela suppose des financements adéquats, des infrastructures et organisations sanitaires adaptées, des partenariats internationaux solides, un engagement politique fort des Etats et leur coopération régionale, une capacité d’éduquer et sensibiliser les populations avec un soutien communautaire de grande proximité, l’inclusion des organisations de la société civile, des incitations à la production locale de vaccins…

Pourtant, il y a urgence à agir.
Urgence pour les gouvernements à soutenir le traité « pandémie ». Tant pis si le moteur est égoïste, il profitera à tous.
Urgence à reconstituer les ressources de Gavi, l’Alliance du vaccin, et mettre en œuvre les engagements pris lors du Forum pour la souveraineté et l’innovation vaccinales, sur le long terme.
Urgence pour le secteur économique à soutenir les ONG qui œuvrent pour l’équité vaccinale sur le continent africain, et qui, comme Amref Health Africa, ont une expérience unique du travail avec les Etats et les tissus communautaires locaux.
Urgence, enfin, à faire de la crise Mpox, par-delà les drames de l’épidémie, une opportunité pour (re)construire des schémas efficaces de gouvernance et de mobilisation pour une transformation durable de la santé en Afrique par, avec et pour les africains.

L’avenir de leurs enfants, et des nôtres, est en jeu.