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Vaccination en Afrique : agir et produire localement pour un changement durable de la santé.

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Anne-Sophie Grouchka, Présidente d'Amref Health Africa (France)

par Anne-Sophie GROUCHKA
Présidente d’Amref Health Africa (France)

 

Le 20 juin prochain, la France coorganise avec l’Union africaine le lancement de la campagne de reconstitution du fonds de L’alliance du vaccin (Gavi) et la présentation de l’Accélérateur de la production des vaccins en Afrique (AVMA), un mécanisme financier innovant pour soutenir la production locale.

Cet événement de haut niveau va rassembler les pouvoirs publics, les organisations partenaires, la société civile et des entreprises du monde entier. L’ambition est de doter Gavi des ressources indispensables pour accélérer la vaccination et l’innovation durables pour une santé équitable, en mettant l’accent sur l’Afrique.

Le dispositif Gavi a permis de vacciner plus d’un milliard d’enfant depuis 2020. C’est un travail considérable qu’il faut poursuivre, particulièrement en Afrique où un enfant sur cinq n’a toujours pas accès aux vaccins essentiels et seulement 1% de vaccins administrés sont produits sur le continent.

Une couverture vaccinale universelle contribue à limiter la résistance aux antimicrobiens, qui rend le traitement des infections plus difficile et augmente le risque de propagation des maladies. L’immunisation doit être collective et massive pour limiter la vulnérabilité des populations et les chocs qu’elles subissent, et préserver les systèmes de santé.

Pour Amref Health Africa, organisation non gouvernementale africaine qui gère des programmes médicaux et de santé publique dans 35 pays d’Afrique subsaharienne, la vaccination est fortement ancrée dans les réalités du terrain.

Rendre la vaccination accessible à tous, c’est relever des défis opérationnels quotidiens.

Cela va de la gestion logistique dans les zones reculées et du maintien de la chaîne du froid, aux problèmes d’insécurité et de conflits, sans oublier les inégalités de genre et les résistances culturelles. A cela s’ajoute des complexités bureaucratiques et de régulation, et un besoin continu de formation des personnels de santé.

A ce titre, les organisations de la société civile sont incontournables pour augmenter la couverture vaccinale. Elles renforcent et complètent les actions gouvernementales, fournissent des services directs, sensibilisent les populations et défendent les droits à la santé. Par leur ancrage communautaire, elles portent des solutions innovantes et adaptées à leur tissu socioculturel.

Rendre la vaccination accessible à tous, c’est aussi transformer la capacité de production des vaccins en Afrique.

Cette capacité existe déjà et progresse. Le continent compte des acteurs reconnus tels que l’Institut Biovac en Afrique du Sud, l’Institut Pasteur de Dakar au Sénégal ou encore l’Institut Vacsera en Egypte. L’AVMA sera un soutien non négligeable pour augmenter la base manufacturière africaine. Son annonce renvoie au rôle central de l’Agence africaine des médicaments (AMA) dans la création d’un environnement favorable à la fabrication de vaccins, en assurant une surveillance réglementaire, en facilitant le renforcement des capacités et en favorisant la collaboration entre les parties prenantes.

Partout dans le monde, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence l’importance stratégique de l’accès à la fabrication de vaccins au niveau local. Il en va de la souveraineté sanitaire des pays africains, et leur plus grande capacité à renforcer la prévention, la préparation, la réponse et la résilience face aux épidémies et aux pandémies.

Investir dans la vaccination, c’est investir dans la santé des enfants et leur avenir, et par conséquent, dans la prospérité et la stabilité économiques et sociales des familles, des communautés et des nations.

Nous appelons les États contributeurs de Gavi et leurs partenaires à reconstituer ces fonds indispensables pour rendre possible l’atteinte des objectifs de couverture vaccinale à 2030.

Investir dans la vaccination, c’est agir pour transférer le pouvoir vers les acteurs du changement au niveau local.

Nous exprimons le souhait que l’AVMA soit lancée en Afrique, pour un engagement local des parties prenantes à travers le continent, y compris les gouvernements, les responsables de la santé, les scientifiques, les organisations de la société civile et le secteur privé.

Les défis sont nombreux, mais nous sommes optimistes et déterminés. Ensemble, nous pouvons transformer durablement la santé en Afrique.